On y accorde tellement de crédit, à nos pensées, que l’on fusionne avec elles. Elles deviennent non seulement notre réalité, mais surtout LA réalité. Mais par nos pensées se créent nos croyances, nos théories. Et une croyance, ce n’est pas un fait. C’est humain : notre cerveau, pour traiter les informations plus vite (et économiser de l’énergie) va prendre des raccourcis, aller à l’essentiel, ce qui engendre les biais cognitifs. Pourquoi j’en parle ici ? Parce que ces biais vont grandement influencer la façon dont on se perçoit (nous-même, notre corps) mais aussi dont on perçoit les autres. En prendre conscience, c’est commencer à pouvoir les interroger et les remettre (un peu) en question.
Notre cerveau est une usine à fake news !
Des biais cognitifs, il en existe des dizaines et des dizaines, prenons quelques exemples :
Le biais de confirmation
Nous avons tendance à ne prendre en compte que les faits qui viennent confirmer ce que nous croyons déjà, et à ignorer ce qui viendrait un peu trop remettre en cause notre vision du monde. Si on se trouve moche, on va inconsciemment chercher à se faire valider notre opinion par tous les moyens. Ne voir que ce qui vient confirmer cette croyance, interpréter tous les signes qui peut-être-voudraient-dire-que-mais-si-c’est-évident-voyons (et ne pas voir toutes les preuves contraires).
Le biais de vérité illusoire
Nous avons tendance à croire quelque chose à force d’y être confronté (par les médias et la pub, par les réseaux sociaux, par notre entourage). On finit par croire l’information même si on sait qu’elle est fausse car elle est devenue… familière. « Les régimes ça marche ! Regardez on en parle partout, c’est que ça marche c’est évident ! » Or, 95% des régimes se soldent par un échec : même si on le sait dans un coin de notre tête, on y porte moins de crédit…
Le biais de l’effet projecteur
Nous avons tendance à croire que les autres accordent davantage d’attention à nos moindres faits et gestes que ce qu’il en est réellement. Pourquoi ? Parce que l’on est le centre de notre propre monde, alors… on croit être le centre du monde de l’autre. On va alors surestimer l’importance que l’autre va nous accorder, que ce soit positif ou négatif. « Je ne vais pas aller manger toute seule au resto, tout le monde va me regarder !«
L’impact des biais cognitifs sur notre perception
Ces 3 biais nous influencent au quotidien. Et s’il n’y avait qu’eux ! Voyez plutôt…
On y est tous et toutes confrontées, ce n’est pas une question d’intelligence, c’est tout simplement humain. Mais cela nous enferme dans une perception qui peut nous être défavorable (notons que c’est le même mécanisme qui entre en jeu dans les théories du complot et les stéréotypes !). Le petit manège du cercle vicieux s’installe bien confortablement.
C’est pourquoi il est si difficile de changer d’opinion, de prendre du recul sur certaines croyances que l’on peut avoir sur nous-même et ce que l’on perçoit de notre apparence, de notre façon d’être. Et prendre en compte les avis divergents des autres ? Il ont tord c’est évident !
Je suis nulle, la preuve [citez ici vos 153 affirmations absolument objectives et non-négociable prouvant ce fait]
Je suis moche, regardez [décrivez ici tous les regards vous prouvant votre absolue laideur que vous avez senti sur votre corps aujourd’hui]
Toutes les femmes sont plus jolies que moi [décrivez ici précisément toutes les femmes que vous avez croisées aujourd’hui qui viennent confirmer votre croyance. Prenez bien soin de ne pas décrire les autres !]
Comment déjouer nos biais cognitifs ?
Mettez en doute vos pensées automatiques
Qu’est-ce qui rationnellement me fait croire cela ? Est-ce qu’il n’y aurait pas une autre explication ?
Demandez des avis extérieurs, confrontez les points de vue
Interrogez des gens qui ne sont pas forcément de votre avis… et prenez en compte leurs arguments ! Si vous vous dites « elle a dit ça pour être gentille » c’est probablement pour essayer de vous confirmer votre croyance encore une fois.
Autorisez-vous à changer d’avis
Sortons de l’orgueil d’avoir toujours raison ! Mais il peut y avoir des blocages qui nous empêchent de changer de regard sur nous-même. Il y a souvent un bénéfice caché à se dénigrer. Mais ça, ça sera l’objet d’un autre article…
Pour en savoir plus sur les biais cognitifs, vous pouvez aller jeter un œil au compte instagram @de.biais, ou vous procurer le livre d’Albert Moukheiber : Votre cerveau vous joue des tours.